Jeux Olympiques de la fin des énergies fossiles

Découvrez des jeux inédits avec des athlètes inattendus !

Présentation :

En direct de la place financière de Paris, nous nous retrouvons aujourd’hui pour les Jeux Olympiques de la Fin des Énergies Fossiles ! Qui assurera la meilleure performance pour mettre les énergies fossiles KO ? Pour le savoir, suivez les épreuves, qui se dérouleront les 3 prochains jours. Des athlètes très attendu·es et regardé·es partout dans le monde.

En effet, la compétition pour respecter l’Accord de Paris et les promesses de neutralité carbone s’annonce exceptionnelle entre nos 5 athlètes : Société Générale, BNP Paribas, Crédit Agricole, BPCE – Banque Populaire Caisse d’Épargne – et la Banque Idéale (seule banque de la compétition à ne pas être dopée aux énergies fossiles).

> Le mot des juges : cette compétition n’est malheureusement pas un jeu, car ce sont la vie sur Terre et les droits humains qui sont concernés. Tous·tes les athlètes en course ont les moyens d’être de grand·es champion·nes de la fin des énergies fossiles, mais quelle sera leur volonté pour y parvenir ?

Épreuve 1 :

En direct de la place financière de Paris, vous assistez aujourd’hui à la première épreuve : le grand saut dans le vide par rapport aux pratiques du secteur financier. Il s’agit bien sûr de l’épreuve de la fin des financements directs de nouveaux projets de pétrole et de gaz ! Une épreuve certes spectaculaire et très commentée par la presse internationale, mais, nous le savons, nous, expert·es, que ce n’est pas celle qui demande le plus d’efforts aux athlètes en compétition.

Suivons les performances de nos athlètes :

👉 BPCE se positionne sur le plongeoir et effectue une exclusion des projets d’exploration et de production de pétrole uniquement, mais pas de gaz… C’est pourtant bien une énergie fossile. C’est dommage, si près du but !

👉 Le jury ne semble pas convaincu non plus par les pirouettes de BNP qui réussit à exclure les projets de développement de nouveaux champs de pétrole et gaz, mais pas tous les nouveaux terminaux gaziers et pipelines.

👉 Crédit Agricole et Société Générale s’élancent et obtiennent un meilleur score que BNP en excluant les projets de transports – terminaux de GNL et pipelines – qui soutiennent spécifiquement les nouveaux gisements. Mais ce n’est définitivement pas assez pour atterrir dans le grand bain avec brio !

🥇Notre dernière athlète, la Banque Idéale, offre une performance impeccable, sous les applaudissements des marchés financiers internationaux, en réussissant à exclure TOUS les nouveaux projets pétroliers et gaziers, de la production au transport, en passant par la transformation et le stockage.

Épreuve 2 :

Bienvenue pour cette deuxième journée, avec une épreuve des plus emblématiques et déterminante : la fin des soutiens financiers aux entreprises pétro-gazières en expansion, qui développent des projets d’énergies fossiles partout dans le monde, totalement incompatibles avec le respect de l’Accord de Paris. Une épreuve qui nécessite un engagement sans faille à très court terme et une grosse puissance de vigilance climatique.

🏃‍♂️ Le top départ est lancé ! Qui réussira à exclure les émissions d’obligations et l’octroi de prêts climaticides ?

🛑😡 Ah là là ! BPCE et Société Générale sont encore dans les starting-blocks, le top départ est tout simplement loupé, car iels continuent de financer les entreprises qui prévoient des nouveaux projets de pétrole et gaz.

😳 Une meilleure performance de Crédit Agricole et BNP Paribas qui ont annoncé devant vous aujourd’hui s’abstenir d’émettre de nouvelles obligations conventionnelles aux entreprises des hydrocarbures. Mais attention, voilà qu’iels s’arrêtent en pleine course ! On regrette que cet engagement ne soit pas inscrit dans une politique officielle, ou qu’il ne concerne pas leurs prêts tout aussi nocifs à des entreprises qui ouvrent des nouveaux projets d’énergies fossiles. Ça ne pardonne pas pour accéder au podium ! 🤷‍♀️

🤗 De nouveau, c’est la Banque Idéale qui nous offre une performance INCROYABLE ! On assiste à un réel changement de modèle hors des énergies fossiles aujourd’hui à la Monde Vivable Arena ! La Banque Idéale conditionne tous ses services financiers aux entreprises à la fin de tous nouveaux projets pétroliers et gaziers, de production comme de transport. Rien à dire, le podium est mérité !

Épreuve 3 :

Aujourd’hui, la troisième et dernière épreuve de ces Jeux, très scrutée des générations futures, est une épreuve de long terme qui requiert de se projeter vers l’avenir et de tenir la distance : le saut en longueur. Elle est incontournable pour comprendre le sérieux des engagements de nos athlètes.

Qui des athlètes arrivera à aller le plus loin ?

😞 BNP, Crédit Agricole, Société Générale et BPCE sont au coude-à-coude dans leur mauvaise performance. Les athlètes n’arrivent pas à se projeter car iels refusent de se doter d’une stratégie crédible de sortie du pétrole et du gaz. Nos athlètes devraient pourtant, depuis le temps, maîtriser la technique : ils avaient remporté l’épreuve de la sortie du charbon lors des derniers Jeux Olympiques de la Fin des Énergies Fossiles.

😍 On assiste à une véritable consécration de la Banque Idéale qui inscrit définitivement son nom au panthéon des acteurs qui auront permis le maintien du réchauffement global à 1,5 °C ! C’est réellement une athlète complète et cohérente avec ses promesses et ses obligations légales !

La Banque Idéale a non seulement adopté un calendrier de sortie du pétrole et du gaz, mais elle exige dès maintenant de ses clients fossiles une baisse de leur production d’hydrocarbures. C’est magnifique, la fierté et les larmes sont palpables sur la place financière de Paris !

Conclusion :

Fin des Jeux Olympiques de la Fin des Énergies Fossiles 🥇 La grande gagnante de ces jeux est la Banque Idéale ! La seule, qui, pour respecter l’Accord de Paris et la loi, ne se dope pas aux énergies fossiles.

🧐 Comment la Banque Idéale arrive-t-elle à faire ces exploits ? Que manque-t-il aux autres athlètes pour arriver au top du podium ?

➡️ La Banque Idéale ne met plus d’argent dans les projets fossiles et ne soutient pas non plus financièrement les entreprises du secteur qui utilisent son argent non-fléché pour développer des nouveaux projets fossiles. Elle s’engage réellement à garantir une sortie des énergies fossiles compatible avec l’objectif 1,5 °C de l’Accord de Paris.

💪 C’est maintenant aux autres athlètes de prendre aussi cette voie et de s’inspirer de la banque idéale !

AG de BNP : des engagements pour le climat qui se font toujours attendre

Au lendemain de la parution du rapport annuel Banking On Climate Chaos, dans lequel nous apprenons que BNP poursuit ses financements à l’expansion des énergies fossiles, nous étions présent·es à l’Assemblée générale annuelle de la banque pour lui demander de rendre des comptes.

Malgré ce qu’elle prétend, BNP n’a pas fermé la porte à l’expansion des énergies fossiles

Cette Assemblée générale s’est tenue au lendemain de la publication du rapport annuel Banking On Climate Chaos, l’analyse mondiale la plus large et détaillée sur les financements aux énergies fossiles. Ce rapport est publié par 8 organisations dont Reclaim Finance, et soutenu par 589 organisations dont les Amis de la Terre France.

Dans cette nouvelle édition, nous apprenons que BNP Paribas était, entre 2021 et 2023, la première banque française à avoir soutenu financièrement l’expansion des énergies fossiles, avec un total de 23,9 milliards de dollars. BNP continue d’entretenir des liaisons dangereuses avec Total, en témoignent d’importantes transactions financières – BNP était entre 2021 et 2023 le premier financeur mondial de Total –, mais aussi le siège de Jean Lemierre, président de BNP, au Conseil d’administration de la multinationale. Par ailleurs, les financements toxiques de BNP dépassent les frontières. Elle est en effet l’un des principaux financeurs de Saudi Aramco, premier producteur mondial de pétrole et de gaz. Mais le mastodonte pétrolier saoudien n’est pas le seul partner in crime de BNP. La major pétro-gazière italienne Eni, impliquée dans pas moins de 11 bombes climatiques, a aussi profité, en décembre 2023, d’un prêt de 3 milliards de dollars auquel a participé BNP. Avec au total 10,3 milliards de dollars accordés entre 2021 et 2023, BNP Paribas se hisse au rang de 3e financeur mondial des majors et des grandes entreprises publiques pétrolières et gazières.

C’est essentiellement via les prêts et les émissions d’obligations que BNP Paribas continue de soutenir le développement des énergies fossiles. Ainsi, si la banque s’est engagée à ne plus soutenir de projets de pétrole et de gaz, elle continue de nous conduire tout droit vers un monde à + 4 °C, à travers ses financements aux entreprises actives dans des projets de production et de transport d’énergies fossiles.

Les scientifiques et étudiant·es à l’AG de la banque d’un monde qui brûle

Suite à leur tribune publiée fin 2023, les quelques 1240 étudiant·es qui déclaraient alors refuser de travailler pour BNP Paribas aussi longtemps que la banque financera le développement des énergies fossiles, n’avaient pas obtenu de réponse à leurs préoccupations. Pour faire entendre leurs voix, une cinquantaine d’étudiant·es ont, en amont de l’AG, soumis des questions publiques à la direction de BNP. Émilie et Hermès, étudiant·es à l’école CentraleSupélec, ont même été contraint·es de devenir actionnaires et se sont rendu·es à l’AG ce 14 mai 2024.
 
 La communauté scientifique – avec le collectif Scientifiques en Rébellion – s’est elle aussi invitée à la « fête », après avoir demandé à plusieurs reprises des comptes à BNP. 600 scientifiques et des membres du GIEC avaient en effet déjà appelé le Conseil d’administration de BNP Paribas à mettre un point final à ses soutiens à l’expansion des énergies fossiles, dans une lettre et des questions publiques. Le simple rappel par les scientifiques présents dans l’AG des conclusions claires du GIEC et de l’Agence internationale de l’énergie, selon lesquels aucun nouveau projet d’énergies fossiles ne doit être financé pour avoir une chance de limiter le réchauffement climatique bien en-dessous de 2°C, a été accueilli par des huées des actionnaires (1).

Face à nos interpellations, des réponses insuffisantes

Aux questions des étudiant·es, des scientifiques, comme de nos ONG, la même réponse de BNP (2).

D’une part, la banque semble d’accord avec le consensus scientifique, puisqu’elle déclare : « notre objectif est que nos financements ne puissent en aucun cas contribuer à de nouvelles capacités pétro-gazières » (3). La banque reconnaît ainsi la nécessité de mettre fin aux financements indirects du développement des énergies fossiles, via les financements non-fléchés ou généraux aux entreprises responsables de ce développement. Mieux encore, en réponse à nos questions écrites, la banque dit « s’abstenir de participer aux émissions obligataires conventionnelles du secteur pétrolier et gazier » (4). Cependant, elle n’inscrit pas cette déclaration comme un engagement ferme dans une politique sectorielle ou dans son plan de vigilance. Elle laisse ainsi ouverte la possibilité d’émettre de futures obligations à des entreprises qui développent des nouveaux projets fossiles. Où sont les garanties que ses financements n’augmenteront pas à l’avenir ? De plus, il s’agirait de prendre un tel engagement sur l’ensemble de ses services financiers, y compris les prêts, qui représentaient 54 % des financements de BNP Paribas à l’expansion fossile entre 2021 et 2023.

BNP a certes diminué en 2023 ses financements à l’industrie du pétrole et du gaz et, grâce à la pression citoyenne, semble enfin reconnaître la nécessité de sortir des énergies fossiles. Mais elle doit aller plus loin encore, en actant fermement et définitivement la fin de toute forme de soutien aux développeurs de projets d’énergies fossiles. BNP ferait ainsi figure de cheffe de file et inciterait l’ensemble des acteurs du secteur financier à opérer le nécessaire virage vers une finance durable. Alors, dans l’objectif d’atteindre la neutralité carbone en 2050 telle qu’elle s’y est engagée en rejoignant la Glasgow Financial Alliance For Net Zero (GFANZ) en 2021, et étant donné que des progrès ont été faits et que la banque semble aller vers la bonne direction, pourquoi camper sur une logique de choix au cas par cas et ne pas traduire cette tendance prometteuse dans un engagement ferme sur la fin de tout soutien à l’expansion des énergies fossiles ?

Le directeur de BNP Paribas, Jean-Laurent Bonnafé, déclarait sous serment au Sénat début mai que sa banque « ne finance plus l’expansion des hydrocarbures » (5). Les chiffres montrent sans appel que c’est faux, BNP doit désormais s’employer en faire une réalité.

Alors que les impacts des dérèglements climatiques sont de plus en plus prégnants et dramatiques, nous appelons BNP Paribas à poursuivre ses progrès et à aller plus loin, en s’engageant fermement et officiellement à cesser toute forme de soutien à l’expansion de l’industrie du pétrole et du gaz.

(1) Face aux ambiguïtés de la politique climatique de BNP Paribas, les scientifiques demandent à nouveau des comptes, communiqué de presse du 14 mai 2024, Scientifiques en Rébellion

(2) Réponses de BNP Paribas aux questions écrites : aux scientifiques – aux étudiant·es – à L’Affaire BNP.

(3) Laurence Pessez, directrice RSE, lors de l’AG de BNP Paribas.

(4) Réponses de BNP Paribas aux questions écrites à L’Affaire BNP : https://invest.bnpparibas/document/ag-2024-questions-ecrites-des-amis-de-la-terre-reponses-du-conseil-dadministration, p. 2

(5) Vidéo TotalEnergies : audition de BNP Paribas

Décryptage : un an après son assignation en justice, BNP Paribas appelée à mettre un point final à l’expansion des énergies fossiles

Après avoir mis en demeure BNP Paribas en octobre 2022 (1), nos associations Les Amis de la Terre France, Notre Affaire à Tous et Oxfam France ont assigné la banque en justice pour non-respect de son devoir de vigilance en matière climatique en février 2023 (2). Ce procès est inédit car c’est la première fois qu’une banque est appelée à passer devant le juge pour sa contribution aux changements climatiques.

Un peu plus d’un an après notre recours, il y a des avancées ! BNP Paribas a mis à jour sa politique climatique, mais est-ce suffisant pour crier victoire ?

Afin que la banque se mette en conformité avec la loi sur le devoir de vigilance, nous lui demandons de cesser de toute urgence d’accorder de nouveaux soutiens financiers directs ou indirects au développement de projets pétroliers et gaziers.

Dans le viseur : les entreprises qui ouvrent de nouveaux projets d’énergies fossiles telles que, parmi les plus agressives, Saudi Aramco, Total ou Shell. On les appelle des “développeurs”. Selon le Groupe d’experts intergouvernemental sur le climat (GIEC), comme l’Agence internationale de l’énergie (AIE) et les Nations unies, ces groupes œuvrent dangereusement contre la limitation du réchauffement climatique à 1,5 °C et même à 2 °C, et l’atteinte de la neutralité carbone d’ici 2050 – objectifs pourtant inscrits noir sur blanc dans les politiques de BNP Paribas, et qui apparaissent si chers à la banque dans sa communication.

Une banque peut apporter 3 principaux types de soutien financier au développement des énergies fossiles. Cela peut être directement via un financement de projet, mais cela peut également passer par un financement à un développeur, que ce dernier peut utiliser librement – le financement n’étant pas dédié à un projet spécifique. Ces financements généraux peuvent prendre la forme d’une émission d’obligations ou d’actions, ou d’un prêt – appelé aussi crédit.

Est-ce que BNP Paribas arrête les financements dédiés aux nouveaux projets pétro-gaziers ?
Oui… et non.

En mai 2023, BNP Paribas a pris l’engagement d’arrêter tous les financements de projets “de développement de nouveaux champs pétroliers et gaziers” (3).

On décrypte :

C’est une étape à relativiser car ces soutiens financiers directs ne représentent que 3,6 % du financement de BNP au secteur fossile – en 2022 (4). BNP peut ainsi continuer à soutenir les entreprises qui portent ces nouveaux projets pétro-gaziers. Si ces financements d’entreprises sont qualifiés d’indirects, ils représentent bien le principal levier de soutien à l’expansion – et de loin.

Par ailleurs, BNP Paribas n’a à ce jour exclu de ses financements directs que les projets d’exploration et de production de pétrole et gaz, mais ne s’est pas engagée sur le reste de la chaîne de valeur de cette industrie. Notamment, elle peut encore accorder des financements dédiés à de nouveaux terminaux de gaz liquéfié (GNL), gazoducs ou oléoducs liés à des réserves “conventionnelles” (5). Or ces projets jouent un rôle clé dans l’expansion du secteur : c’est notamment le cas des nouveaux projets de GNL, qui n’ont pas leur place dans le scénario qui vise la neutralité carbone d’ici 2050 de l’AIE. 

Est-ce que BNP arrête les nouvelles émissions d’obligations ou d’actions des développeurs ?
Toujours pas.

BNP Paribas a affirmé n’avoir “participé à aucune nouvelle émission obligataire au secteur pétrolier et gazier depuis mi-février 2023” (6). Début février 2023 en effet, la banque avait participé à l’émission d’importantes obligations pour les géants Saudi Aramco et BP – respectivement d’un montant total de 4,5 et 2,5 milliards de dollars.

On décrypte :

C’est une bonne nouvelle ! Car les émissions d’obligations représentent un important levier de financement, notamment pour les grandes majors pétro-gazières. Et car BNP Paribas contribue largement à ces transactions : entre 2016 et 2022, 37 % des financements de la banque à l’industrie des énergies fossiles étaient liés à des émissions d’obligations (7).

Malheureusement, en expliquant ne plus avoir participé à une émission obligataire au secteur récemment, BNP semble reconnaître le problème que posent ces services financiers… mais ne s’engage pas pour autant à renoncer à cette pratique nocive dans le futur. Il est donc impératif que ce constat très récent se traduise dans une mesure ferme et officielle, au sein d’une politique sectorielle. C’est d’autant plus urgent que ce type de financements représente souvent des montants élevés, et peut courir sur des années voire des décennies, engageant la responsabilité de BNP Paribas à moyen et long termes. Par ailleurs, BNP Paribas n’a fait aucune communication sur la fin des nouvelles émissions d’actions – bien que celles-ci représentent une part bien moins significative des financements de la banque aux développeurs. 

Est-ce que BNP arrête les nouveaux prêts aux développeurs ?
Non plus.

La question est simple : est-ce que BNP a arrêté d’octroyer de nouveaux prêts à des entreprises qui, comme Total, prévoient de nouveaux projets de pétrole et gaz ? C’est pourtant là que la communication de BNP Paribas se complique encore. Or quand c’est flou, il y a un loup. La banque communique sur plusieurs éléments relatifs à ses activités de prêts : certains relevant de son flux de nouveaux crédits – c’est-à-dire les nouveaux prêts émis sur une année donnée –, et d’autres sur son stock de crédits existants – c’est à dire les prêts déjà en cours, mais qui peuvent dater de plusieurs années (8).

  1. En ce qui concerne son flux de crédits – c’est à dire ce qu’il faut principalement regarder quand on s’intéresse aux nouveaux soutiens de la banque aux développeurs –, BNP Paribas affirme que :

Pour réduire la partie « fossile » de son portefeuille, BNP Paribas a considérablement réduit sa production de nouveaux crédits au secteur pétrolier et gazier en 2023.  Par exemple, à fin 2023, le rapport entre les flux de financement octroyés par BNP Paribas aux acteurs spécialisés dans l’extraction et la production pétrolière et gazière et les flux de financement liés aux projets d’énergies renouvelables s’établit à 1 sur 11.”

On décrypte :

Tout comme les nouvelles émissions d’obligations, BNP semble reconnaître le problème que posent les prêts aux développeurs mais ne s’engage pas pour autant à renoncer à cette pratique nocive dans le futur. Même si la banque communique sur une baisse de ses prêts en 2023, elle continue de laisser la porte ouverte à de nouveaux prêts aux entreprises qui ouvrent des nouveaux champs de pétrole et gaz. C’est pourtant une ligne rouge si la banque souhaite respecter les objectifs de l’Accord de Paris sur le climat et l’atteinte de la neutralité carbone d’ici 2050 : chaque nouvel euro accordé à un développeur est un euro de trop.

Ainsi, en décembre 2023, BNP Paribas a contribué à un prêt de 3 milliards de dollars pour la major pétro-gazière italienne Eni (9). Si ce prêt, un sustainability linked loan (SLL), est censé être lié à l’atteinte d’objectifs climatiques, notamment de développement des renouvelables, rien ne garantit qu’il sera fléché vers un projet d’énergies renouvelables d’Eni. Par ailleurs, ces dernières sont cosmétiques pour Eni : l’entreprise investit moins de 7 centimes dans les énergies renouvelables pour chaque euro dépensé dans les énergies fossiles.

La politique actuelle de BNP prévoit qu’elle n’accordera plus de crédits – faisant ici encore l’impasse sur les activités obligataires notamment – aux entreprises privées exclusivement actives dans l’exploration et production pétrolière, appelées “indépendants pétroliers” (10). C’est dans cette définition volontairement limitée que le bât blesse : BNP met de côté une partie restreinte de l’industrie, pour se laisser la possibilité d’en soutenir encore de nombreux acteurs, qualifiés de “diversifiés” par la banque. Parmi ces acteurs, on retrouve les grandes majors et entreprises d’Etat, fers de lance de l’expansion des hydrocarbures et clients importants de la banque. BNP Paribas s’est ainsi classée 1er financeur mondial des 9 majors européennes et américaines (11) entre 2016 et 2022 (12).

Enfin, le ratio “1 sur 11” semble impressionnant mais il gomme une part importante des activités nocives de BNP : celle-ci ne parle encore une fois que des “acteurs spécialisés”. Autrement dit, cela ne concerne pas tous les développeurs, et notamment pas les majors pétro-gazières comme Total et Eni ou les entreprises publiques comme Saudi Aramco. Or comme on l’a expliqué ci-dessus, ces entreprises sont parmi les plus problématiques au regard de leurs investissements prévus dans les énergies fossiles, et notamment dans de nouveaux projets d’exploration et de production de pétrole et de gaz.

  1. En ce qui concerne son stock – ou exposition – de crédits, BNP Paribas affirme que : 

Entre fin septembre 2022 et fin septembre 2023, BNP Paribas a baissé de 6,4 milliards d’euros son stock de crédits aux énergies fossiles, passant de 23,7 à 17,3 milliards d’euros. Le Groupe a pour objectif que son stock des expositions de crédit à la production d’énergies bas carbone représente 90 % du stock des expositions de crédit à sa production d’énergies, et 10 % aux énergies fossiles en 2030.

On décrypte : 

BNP Paribas semble avec cette cible de réduction de son stock de crédits aux énergies fossiles reconnaître la nécessité d’engager une sortie des pétrole et gaz. Mais le compte n’y est toujours pas. Si cet engagement contraindra vraisemblablement la possibilité pour BNP Paribas de multiplier les nouveaux prêts au secteur, BNP Paribas maintient dans le même temps de nouveaux soutiens aux entreprises qui développent de nouveaux projets d’énergies fossiles – en atteste son prêt de décembre 2023 à Eni. La banque pourrait ainsi décider de privilégier certains de ses clients, et ce en dépit de leurs plans d’expansion dans les pétrole et gaz. Cela pose de lourds risques climatiques : un prêt accordé aujourd’hui et participant au développement d’un nouveau projet d’énergies fossiles ne figurera pas obligatoirement dans les encours de la banque en 2030, même si cette infrastructure continuera à polluer bien au-delà de 2030. 

Finalement, pointons du doigt que le ratio entre stock de crédits à la production d’énergies bas carbone et stock de crédits aux énergies fossiles avancé par BNP Paribas est biaisé et peu exploitable. Déjà, car les périmètres associées au bas carbone d’une part, et aux énergies fossiles d’autre part, rendent cette comparaison incohérente. La banque inclut dans le “bas carbone” – donc dans les secteurs “verts” à faire croître – des secteurs aux impacts écologiques critiquables, tels que le nucléaire ou les biocarburants. Elle exclut par contre des “énergies fossiles” des pans entiers de l’industrie, et notamment les activités de transport, d’export – dont le GNL -, ainsi que de production d’électricité – centrales à gaz et au fioul. 

Enfin, rappelons-le, il n’est question ici que des prêts. En se focalisant sur certains services financiers et pas d’autres dans le calcul de ce ratio, BNP omet volontairement les émissions d’obligations ou d’actions, quand ces modes de financement sont prépondérants dans le secteur des énergies fossiles. 

BNP Paribas semble évoluer dans ses pratiques et politiques sur les énergies fossiles. Mais ces avancées restent trop largement insuffisantes et incertaines, en rythme et en ampleur au regard de son devoir de vigilance climatique, dès lors qu’elles ne permettent pas de garantir l’arrêt de tout nouveau service financier aux entreprises qui développent les pétrole et gaz, et parient ainsi contre la limitation du réchauffement climatique à 1,5 °C. Continuer à soutenir de telles entreprises est un jeu à somme négative, qui engage la responsabilité de BNP Paribas. C’est pourquoi, Les Amis de la Terre France, Notre Affaire à Tous et Oxfam France poursuivent leur action en justice contre BNP Paribas.

(1) Les Amis de la Terre France, 2022. Climat : BNP Paribas mise en demeure de stopper ses soutiens aux nouveaux projets d’énergies fossiles.

 (2) L’Affaire BNP, 2023. L’Affaire BNP revient : nous attaquons officiellement BNP en justice.

(3) L’Affaire BNP, 2023. Les nouveaux engagements climatiques de BNP : beaucoup de bruit pour des effets très limités.

(4) Le Monde, 2023. « Bombes carbone » : pourquoi les banques françaises peuvent financer les énergies fossiles malgré leurs engagements climat.

(5) BNP Paribas a adopté des restrictions sur le financement de certains projets liés aux pétrole et gaz non-conventionnels – gaz de schiste, sables bitumineux, pétrole brut extra-lourd – et issus des régions arctiques et amazoniennes. 

(6) BNP Paribas, 2024. Financement de l’énergie : la transformation du business model de BNP Paribas s’accélère, confirmée par différents classements.

(7) Les Amis de la Terre France, 2023. Nouveaux chiffres : BNP, meilleure amie des énergies fossiles

(8) Par exemple, BNP a pu faire un prêt à Total en 2022 qui dure 3 ans, qui apparaît encore dans son stock fin 2023.

(9) Reclaim Finance, 2024. Publication Twitter

(10) BNP Paribas, 2023. Politique pétrole et gaz.

(11) BP, Chevron, ConocoPhillips, Equinor, Eni, Exxon, Repsol, Shell et Total.

(12) Les Amis de la Terre France, 2023. Nouveaux chiffres : BNP, meilleure amie des énergies fossiles

AG de BNP : les scientifiques et ONG s’invitent à la fête

7 mois après le lancement de L’Affaire BNP par Les Amis de la Terre France, Notre Affaire à Tous et Oxfam France, nos associations se sont invitées aujourd’hui à l’AG de BNP, aux côtés de scientifiques pour demander à la banque de rendre des comptes sur sa contribution aux dérèglements climatiques.

La première Assemblée générale de BNP Paribas depuis son assignation pour ses financements climaticides au développement des énergies fossiles, ce mardi 16 mai, a une saveur particulière pour les associations de L’Affaire BNPPour appuyer les demandes des Amis de la Terre France, Notre Affaire à Tous et Oxfam France, des représentant·es de la communauté scientifique, membres du collectif Scientifiques en Rébellion, ont endossé le rôle d’actionnaires pour demander des comptes au Conseil d’administration de la banque la plus polluante de France.

BNP, grand mécène des dérèglements climatiques

Les chiffres sont sans équivoque : la banque française était le 1er financeur mondial de Total en 2022, et a accordé 165 milliards de dollars à l’industrie du charbon, du pétrole et du gaz depuis 2016.

Preuve de l’hypocrisie de BNP : cette Assemblée générale annuelle vient d’acter le renouvellement de Jean Lemierre, qui siège aussi au Conseil d’administration de Total – une des entreprises les plus agressives dans l’expansion du pétrole et du gaz -, à la présidence de la banque. En clair, la banque d’un monde qui change n’est autre que la banque d’un monde qui brûle… Combien de temps BNP Paribas s’obstinera-t-elle encore à nier la science ? Les alertes de la communauté scientifique sont pourtant sans appel : les experts du GIEC et de l’Agence internationale de l’énergie (AIE) affirment que pour respecter l’Accord de Paris et ralentir l’emballement des températures, il faut impérativement cesser d’exploiter de nouveaux champs pétroliers et gaziers.

Des engagements loin d’être suffisants

Préalablement à son Assemblée générale, BNP a annoncé le jeudi 11 mai l’arrêt de financements dédiés au développement de nouveaux champs pétroliers ou gaziers. Si ces annonces constituent un premier pas dans la bonne direction, il y a un hic, et non des moindres : la banque cesse ses financements fléchés vers des projets d’expansion des énergies fossiles, mais elle refuse toujours de s’engager sur la fin de ses soutiens financiers aux majors du pétrole et du gaz. Autrement dit, ces nouvelles annonces sont encore loin du compte et permettent à BNP, en vue de ce rendez-vous annuel, de désamorcer les critiques envers le Conseil d’administration de la banque au logo vert. BNP continue de fuir ses responsabilités en s’obstinant à soutenir ses clients qui développent des projets de pétrole et gaz, et contribue ainsi massivement aux dérèglements climatiques. Le rapport Banking On Climate Chaos, publié en avril 2023, précise que BNP Paribas était le 1er financeur mondial des 9 majors européennes et américaines entre 2016 et 2022, en leur ayant accordé 45,4 milliards de dollars de financements. Il y a seulement trois mois, BNP Paribas accordait encore des financements significatifs à la major britannique BP et au pétrolier saoudien Saudi Aramco, deux entreprises parmi les plus offensives dans le développement de projets d’énergies fossiles. De tels soutiens financiers seraient encore possibles aujourd’hui, après les annonces trop timides du jeudi 11 mai.

Des membres du collectif Scientifiques en Rébellion s’invitent à la fête

Face à cette fuite en avant de BNP Paribas, des membres du collectif Scientifiques en Rébellion se sont invité·es à l’Assemblée Générale pour demander au Conseil d’administration de BNP de répondre des financements climaticides de la banque. En posant des questions à l’oral lors de l’AG, les scientifiques ont interpellé le Conseil d’administration de BNP pour le mettre face à ses responsabilités en matière climatique.

En vue de l’AG, des membres du collectif Scientifiques en Rébellion et des co-auteur·ices de rapports du GIEC avaient également soumis au Conseil d’administration de BNP une série de questions. Ces questions sont portées par les 600 scientifiques qui ont signé la lettre ouverte du 24 février 2023, adressée au Conseil d’administration de BNP pour lui enjoindre de cesser ses soutiens financiers, directs et indirects, aux nouveaux projets pétroliers et gaziers.

Pour Olivier Aumont, chercheur en océanographie et membre de Scientifiques en Rébellion, « Alors que les scientifiques tirent la sonnette d’alarme depuis des décennies, BNP Paribas, qui se prétend une banque verte, n’a même pas pris la peine de répondre à notre lettre ouverte signée par 600 scientifiques. »

Rappelons-le : les scientifiques ne devraient pas avoir à devenir actionnaires d’une banque pour se faire entendre sur l’urgence de cesser ses soutiens financiers à l’industrie mortifère des énergies fossiles, mais l’inaction de BNP en matière climatique est telle que des membres de Scientifiques en Rébellion ont été contraint·es d’acheter des actions pour investir l’AG de BNP.

Les demandes de nos associations prennent racine dans un constat clair et partagé par la communauté scientifique. Il y a urgence à agir !

Un accueil honteux par les actionnaires

Les actionnaires de BNP, grands défenseurs de l’ancien monde et profiteurs cyniques d’une planète à +4 °C, ont hué les interventions des scientifiques. Mais il y a pire : lors des interventions de représentant·es des communautés argentines et philippines impactées par des projets pétro-gaziers de Shell ou Total, soutenus par BNP, les activistes venus exposer les dégâts pour leurs communautés et leurs territoires ont fait l’objet de huées et d’insultes racistes (« Go back home ») de la part des actionnaires. Un comportement honteux, symbole d’un monde rétrograde qui se cramponne à ses profits mortifères pour l’environnement et les droits humains.

Les nouveaux engagements climatiques de BNP : beaucoup de bruit pour des effets très limités

À quelques jours de son Assemblée générale de 2023, BNP Paribas a annoncé son nouveau plan climat. Ces nouvelles dispositions, largement mises en avant dans la presse, pourraient laisser croire au grand public qu’un grand pas vient d’être franchi. En réalité, ces mesures appellent à beaucoup de réserves. BNP Paribas est encore très loin d’être à la hauteur de l’urgence climatique. En effet, le consensus scientifique est sans équivoque : nous devons renoncer immédiatement à tout soutien, direct ou indirect, à l’expansion de toutes les énergies fossiles.

Pas de vrai renoncement au soutien des énergies fossiles

BNP Paribas prévoit d’exclure les financements « directs » et « dédiés » aux nouveaux projets pétro-gaziers, mais pas aux entreprises qui portent ces bombes climatiques. BNP Paribas pourra donc continuer de recourir à d’autres instruments financiers (prêts, émissions de nouvelles obligations) pour soutenir des entreprises comme Total qui développent toujours de nouveaux champs d’énergies fossiles.

Ainsi, des services financiers clés comme les émissions obligataires échappent totalement à la politique de BNP Paribas. Entre 2016 et 2022, 37 % des financements de la banque à l’industrie des énergies fossiles étaient liés à ces émissions d’obligations. C’est donc un levier de financement massif pour les majors du secteur, clientes privilégiées de BNP Paribas.

En clair, avec ses nouvelles dispositions, BNP Paribas pourrait aujourd’hui encore conclure les mêmes financements, de plusieurs milliards de dollars, qu’elle a accordés aux géants pétro-gaziers BP et Saudi Aramco en février dernier.

Par ailleurs, lorsque BNP annonce l’arrêt programmé des “financements consentis aux acteurs non diversifiés de l’exploration-production pétrolière”, non seulement cette exclusion ne semble pas immédiate, mais ce ne serait pas une exclusion ferme des majors pétro-gazières, comme Total.

Enfin, sa politique épargne largement le gaz : BNP Paribas ne revoit pas ses engagements concernant ses soutiens aux entreprises actives dans le gaz. Comme déjà souligné lors de ses annonces de janvier, en créant une politique à deux vitesses entre pétrole et gaz, et en explicitant sa volonté de soutenir de nouveaux projets gaziers de transport (GNL) et de production d’électricité, BNP affiche ne pas en avoir fini avec le développement de cette énergie fossile, aux impacts climatiques maintes fois pointés du doigt par la science.

Pas de quoi berner la société civile et les scientifiques

Rappelons que depuis 2016, BNP Paribas est le 4ème financeur mondial du développement des énergies fossiles et le 1er financeur mondial des 9 majors européennes et américaines dans ce domaine. Les dernières annonces de la banque sont loin de suffire à la faire descendre de ce triste podium.

Plus que jamais, l’action en justice que nos associations (Les Amis de la Terre, Notre Affaire à Tous et Oxfam France) ont lancée en février dernier contre BNP apparaît indispensable afin que le tribunal judiciaire contraigne véritablement BNP à aligner ses engagements avec le consensus scientifique.

En attendant et depuis plusieurs mois, nombre de scientifiques et d’activistes se font l’écho de notre action et interpellent BNP Paribas sur sa politique climatique. Prochaine étape : l’Assemblée Générale de BNP, le 16 mai prochain à Paris. Nos organisations et des scientifiques, dont dix co-auteurs de rapports du GIEC, ont d’ores et déjà adressé des questions écrites au Conseil d’administration. Aux côtés de plusieurs scientifiques, nos organisations seront présentes le jour J pour entendre les dirigeants de BNP Paribas répondre de leur responsabilité sur le plan climatique. Soutenez-nous sur les réseaux sociaux et relayez la pétition pour notre action en justice.

Nouveaux chiffres : BNP, meilleure amie des énergies fossiles

Tous les ans, le rapport Banking On Climate Chaos analyse les financements des banques aux énergies fossiles. Publiée aujourd’hui, la 14e édition révèle que depuis l’Accord de Paris, les banques européennes ont versé 1 331 milliards de dollars aux énergies fossiles, en dépit de leurs grands discours en matière climatique.

Les banques françaises au service de l’industrie fossile

Les derniers chiffres viennent de sortir, et ils sont édifiants. Alors que l’Accord de Paris, adopté en 2015, posait comme objectif de contenir le réchauffement global à +1,5°C, depuis, les banques françaises ont soutenu les énergies fossiles (charbon, pétrole et gaz) à hauteur de 406 milliards de dollars. Rappelons-le, les énergies fossiles sont responsables de presque 80% des émissions de gaz à effet de serre dans le monde !

Le rapport Banking On Climate Chaos, qui a actualisé ses chiffres en tenant compte des données de l’année 2022, révèle que les banques françaises jouent un rôle clé dans la crise climatique. En 2022, avec leurs quelques 15,7 milliards de dollars de financements, elles ont été les premiers soutiens européens au développement des énergies fossiles. Si les banques françaises condamnent le climat et notre avenir, BNP se place comme chef de file de cette fuite en avant.

BNP aux manettes des dérèglements climatiques

Les soutiens de BNP Paribas aux énergies fossiles s’envolent… Depuis la COP21, ce sont 165 milliards de dollars que la banque au logo vert a accordés aux charbon, pétrole et gaz. 165 milliards de dollars, c’est quatre fois le montant qui serait nécessaire pour rénover toutes les passoires thermiques de France ! La contribution de BNP à l’emballement climatique est une tendance qui semble se confirmer année après année, alors que la banque s’est pourtant engagée à atteindre la neutralité carbone en 2050.

Ainsi, entre 2021 et 2022, la banque française a augmenté de 20% ses financements aux énergies fossiles, ce qui fait de BNP la banque européenne à avoir le plus augmenté ses financements à cette industrie l’année dernière.

BNP se hisse de surcroît au rang de 4e financeur mondial du développement des énergies fossiles, avec au total 64,2 milliards de dollars octroyés depuis 2016.

Les principaux complices de BNP dans cette expansion toxique du pétrole et du gaz ? Les grandes majors pétro-gazières. BNP est le 1er financeur mondial des 9 majors européennes et américaines (BP, Chevron, ConocoPhillips, Equinor, Eni, Exxon, Repsol, Shell et Total) et leur a accordé 45,4 milliards de dollars depuis 2016. BNP est d’ailleurs le 1er financeur de Total en 2022 !

Il ne faut pas se fier aux grands discours de BNP en matière climatique. Entre 2016 et 2022, 37% des financements de la banque à l’industrie des énergies fossiles étaient liés à des émissions d’obligations, et non à des prêts. Ces financements « cachés » échappent donc aux engagements de la banque annoncés en janvier dernier, suite à notre mise en demeure.

La banque la plus polluante de France reste par ailleurs très agressive en matière d’exploitation pétro-gazière en mer, un secteur à haut risque pour le climat et la biodiversité. En témoignent les 42 milliards de dollars que BNP a octroyés depuis 2016, plaçant ainsi la banque au rang de 1er financeur mondial de ce secteur.

Comment agir ?

Face à ce constat alarmant, la société civile a le pouvoir de faire bouger les lignes ! La communauté scientifique a pris les devants et fait entendre sa voix. Dans une lettre adressée aux dirigeants de BNP Paribas, 600 scientifiques ont enjoint les membres du conseil d’administration de BNP à démissionner si la banque continuait de soutenir de nouveaux projets d’énergies fossiles.

En février dernier, nos associations Les Amis de la Terre, Notre Affaire à Tous et Oxfam France ont lancé une action en justice pour contraindre BNP à respecter son devoir de vigilance en matière climatique. C’est un procès inédit au monde ! En effet, c’est la première fois qu’une banque devra passer devant le juge pour répondre de sa contribution au réchauffement climatique.

Vous aussi, rejoignez le mouvement ! Plus nous sommes nombreux et nombreuses à rejoindre L’Affaire BNP, et plus nous pourrons inverser le rapport de force face à la banque la plus polluante de France. En effet, depuis des années, les chiffres des rapports Banking On Climate Chaos montrent que BNP poursuit sa course folle dans le financement de bombes climatiques qui condamnent notre avenir sur Terre. Une décision de justice contraignante a le pouvoir de changer les choses !

L’Affaire BNP revient : nous attaquons officiellement BNP en justice !

Aujourd’hui, jeudi 23 février 2023, les associations Les Amis de la Terre, Notre Affaire à Tous et Oxfam France assignent BNP Paribas en justice pour non-respect de son devoir de vigilance en matière climatique ! Ce procès est inédit car c’est la première fois qu’une banque devra passer devant le juge pour sa contribution aux changements climatiques.

Après avoir été mise en demeure, en octobre dernier, de cesser ses soutiens aux nouveaux projets d’énergies fossiles, la banque française ne s’est toujours pas mise en conformité avec la loi. Pourtant, le palmarès de BNP Paribas sur les questions climatiques se distingue tristement : elle est la banque la plus polluante de France, mais aussi le premier financeur européen du développement des énergies fossiles entre 2016 et 2021. C’est à cause de grandes banques comme BNP Paribas que de nouvelles bombes climatiques, telles que les projets pétroliers et gaziers développés par Total, peuvent voir le jour. Sans soutiens financiers, les multinationales de l’industrie fossile ne pourraient pas développer de nouveaux projets d’énergies fossiles et continuer d’alimenter notre dépendance au charbon, au pétrole et au gaz.

Suite à notre mise en demeure, les réponses de BNP Paribas sont restées largement insuffisantes. La banque continue en effet de rejeter la demande urgente de nos trois associations de cesser de soutenir les nouveaux projets de pétrole et de gaz, une demande qui fait pourtant consensus au sein des scientifiques du GIEC et qui a encore été récemment rappelée par António Guterres, le Secrétaire Général des Nations Unies. La banque a par ailleurs aidé BP, géant du pétrole et du gaz, à émettre une obligation d’une valeur de US $2.5 milliards le 9 février dernier. Pour rappel, les projets pétroliers et gaziers que prévoient à court terme BP émettraient autant de gaz à effet de serre que 6 nouvelles centrales à charbon sur toute leur durée de vie. Il n’aura donc fallu que quelques jours pour que BNP nous prouve elle-même que derrière ses « nouvelles annonces climat » de fin janvier, elle n’a pas l’intention de changer de cap. 

Face au refus de BNP Paribas d’aligner ses engagements avec la nécessité de limiter le réchauffement à 1,5°C, nous avons donc choisi de passer à la vitesse supérieure en lançant une action en justice inédite ! Notre action s’appuie sur la loi du devoir de vigilance, adoptée en France en 2017, qui oblige les multinationales à prendre des mesures pour identifier et prévenir les risques d’atteintes graves aux droits humains, à la santé et à la sécurité des personnes, et à l’environnement, causées par leurs propres activités et celles de leurs filiales, ainsi que celles de leurs principaux fournisseurs et sous-traitants, et ce tant en France qu’à l’étranger.

Ce procès historique ouvre une nouvelle page de l’histoire de la justice climatique. Cette page, nous ne pourrons l’écrire que toutes et tous ensemble. Soutenez l’Affaire BNP en signant la pétition, en la partageant autour de vous mais aussi en relayant l’ensemble de nos messages à vos proches. Faisons un maximum de bruit !

L’Affaire BNP : menacée d’une action en justice, BNP Paribas communique mais ne répond pas aux demandes des ONG

Le 26 octobre 2022, les Amis de la Terre France, Notre Affaire à Tous et Oxfam France avaient donné trois mois à BNP Paribas – 1er financeur européen et 5ème mondial du développement des énergies fossiles (1) – pour se mettre en conformité avec la loi sur le devoir de vigilance (2). BNP Paribas apporte une première réponse à “L’Affaire BNP” en communiquant sur de nouveaux engagements trop faibles pour satisfaire l’exigence scientifique la plus claire pour répondre à la crise climatique : renoncer aux nouveaux projets pétroliers et gaziers. BNP est contrainte de faire des annonces, qui ne sont pas à la hauteur de sa responsabilité face aux défis climatiques. 

À deux jours du délai légal accordé à BNP Paribas pour répondre à cette mise en demeure, la banque française annonce par exemple réduire d’ici 2030 80 % de  l’encours de financement à l’extraction et la production de pétrole, et de 30 % pour le gaz (3). Traduction : un engagement qui ne couvre pas l’ensemble de ses activités de soutiens aux énergies fossiles et ne met pas fin aux financements de nouveaux projets pétroliers et gaziers. 


Les engagements annoncés par BNP Paribas continuent, en effet, d’ignorer la première leçon à tirer des travaux scientifiques et la première demande de la mise en demeure : cesser immédiatement de soutenir financièrement – directement comme indirectement – les nouveaux projets d’énergies fossiles. BNP Paribas se contente d’assurer ne plus avoir financé de projet pétrolier depuis 2016, laissant de côté une vaste partie du problème. Du fait de l’ensemble de ses soutiens financiers à l’ensemble des énergies fossiles (4), BNP Paribas s’est imposée entre 2016 et 2021 comme le 1er financeur au monde de 8 géants pétro-gaziers qui prévoient à eux seuls plus de 200 nouveaux projets d’énergies fossiles (5). Un rapport publié encore ce mois par 13 ONG, dont Reclaim Finance et les Amis de la Terre France, a révélé que depuis qu’elle a rejoint la Net-Zero Banking Alliance (NZBA) en avril 2021, BNP Paribas a été impliquée dans 30 transactions apportant 7,1 milliards de dollars à une dizaine d’entreprises développant de nouveaux projets d’énergies fossiles (6).

Pour Lorette Philippot, chargée de campagne aux Amis de la Terre France : “Avec ces engagements, BNP Paribas manque une nouvelle occasion de traduire en action les appels répétés de la communauté internationale à stopper la course folle des investissements dans les pétrole et gaz. L’Agence internationale de l’énergie comme les Nations Unies ont pourtant, l’une comme l’autre, affirmé qu’il s’agissait d’une ligne rouge (7). BNP Paribas ne peut plus prétendre s’engager pour la neutralité carbone tout en continuant à miser sur le développement de nouvelles réserves d’énergies fossiles”.

Les cibles de réduction de ses encours à l’extraction et à la production de pétrole et de gaz à horizon 2030, dont se dote aujourd’hui BNP Paribas, sont certes une reconnaissance de la nécessité d’engager une sortie rapide des énergies fossiles. Malheureusement, ces annonces laissent complètement de côté les soutiens de BNP Paribas via ses activités d’émission d’actions et d’obligations, levier pourtant clé de financements pour les entreprises du secteur. 

Alexandre Poidatz, responsable de plaidoyer à Oxfam France, ajoute : “Derrière cet effet d’annonce, une réalité bien plus complexe :  les cibles de réduction définies par BNP Paribas n’empêchent pas la banque de maintenir dans le même temps ses soutiens aux entreprises qui développent de nouveaux projets d’hydrocarbures incompatibles avec le budget carbone présenté par le GIEC. Un prêt accordé aujourd’hui et permettant le développement d’un nouveau projet d’énergies fossiles ne figurera pas obligatoirement dans les encours de la banque en 2030, même si cette infrastructure continuera à polluer bien au-delà de 2030.

Justine Ripoll, responsable de campagne à Notre Affaire à Tous, conclut : “Si ces engagements constituent la seule réponse à notre mise en demeure, nous pouvons d’ores et déjà dire qu’ils sont absolument insuffisants. La méthode reste la même : jouer sur la méconnaissance du public des activités et termes du secteur financier pour masquer le manque d’ambition et de sens des responsabilités d’un financeur du chaos climatique.

Notes : 

(1) Rainforest Action Network, BankTrack, Indigenous Environmental Network, Oil Change International, Reclaim Finance, Sierra Club, Urgewald, mars 2022, Banking on Climate Chaos – Fossil Fuel Finance Report 2022. Le rapport, ainsi que la base de données désagrégée par acteur financier et entreprise, sont disponibles en ligne.

(2) Les Amis de la Terre France, Notre Affaire à Tous, Oxfam France, octobre 2022. Dossier de presse – Affaire BNP Paribas : vers le procès d’un financeur du chaos climatique.

(3) Communiqué de presse diffusé par BNP Paribas le 24/01/2023  : “BNP Paribas, leader affirmé du financement de la transition énergétique, engage une nouvelle étape de forte accélération”.

(4) En ne finançant pas directement de nouveaux projets pétroliers, BNP Paribas laisse de côté le secteur gazier. Par ailleurs, cela ne concerne qu’une partie réduite des soutiens de la banque aux développement des hydrocarbures, les financements de projets : ni ses prêts aux entreprises, ni ses investissements sur les marchés financiers, ni ses aides à l’émission de nouvelles actions ou obligations en sont concernés. 

(5) Rainforest Action Network, BankTrack, Indigenous Environmental Network, Oil Change International, Reclaim Finance, Sierra Club, Urgewald, mars 2022, Banking on Climate Chaos – Fossil Fuel Finance Report 2022. Le rapport, ainsi que la base de données désagrégée par acteur financier et entreprise, sont disponibles en ligne.

(6) Les Amis de la Terre France et Reclaim Finance, communiqué de presse diffusé le 17 janvier 2023 : Hypocrisie climatique : les acteurs financiers engagés pour la neutralité carbone jettent de l’huile sur le feu

(7) Dans son World Energy Outlook 2021, l’AIE a conclu qu’“aucun nouveau gisement de pétrole et de gaz n’est nécessaire en dehors de ceux dont l’exploitation a déjà été approuvée” pour limiter le réchauffement global à 1,5 °C. Son World Energy Outlook 2022 continue de mettre en avant ce constat. Au contraire, l’AIE souligne que « personne ne devrait imaginer que l’invasion de la Russie peut justifier une vague de nouvelles infrastructures pétrolières et gazières dans un monde qui veut atteindre la neutralité carbone d’ici 2050 ». De même, le groupe d’experts de haut niveau des Nations Unies (HLEG) a souligné dans son rapport de novembre 2022 qu’“il n’y a pas de place pour de nouveaux investissements dans l’approvisionnement en énergies fossiles”. UN High Level Expert Group (HLEG), novembre 2022. Integrity matters : net zero commitments by businesses, financial institutions, cities and regions